Algérie: La Secrétaire d’État Suisse à l’économie à LIBERTÉ: “Identifier des projets d’affaires ”
À la veille de sa visite en Algérie, la secrétaire d’État suisse évoque, dans cet entretien les relations algéro-suisses qu’elle qualifie de “bonnes” tout en insistant sur la nécessité de la conclusion de l’accord de libre-échange entre l’Aele (Association européenne de libre-échange) et l’Algérie.
Liberté :Quel est l'objet de votre visite en Algérie ?
Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch : À part les liens historiques que tout le monde connaît, la Suisse et l’Algérie ont toujours entretenu de bonnes relations économiques. Ceci est souligné par le nombre d’accords bilatéraux que nous avons conclus ainsi que par une fréquence importante des visites bilatérales à haut niveau pendant ces dernières années, dont la visite d’État en Suisse de Son Excellence le président Bouteflika en 2005, la visite de mon prédécesseur, l’ancien secrétaire d’État Jean-Daniel Gerber en 2007 et de la conseillère fédérale Doris Leuthard en 2008, à l’époque cheffe du département fédéral de l’économie, à Alger.
En outre, n’oublions pas que l’Algérie a été l’invitée d’honneur à l’édition 2008 du Comptoir Suisse à Lausanne et que l’ancien ministre algérien du Commerce avait participé à la Journée de l’Algérie à cette occasion.
C’est donc un de mes objectifs principaux de continuer ces contacts à haut niveau avec le gouvernement actuel. Pour les entreprises suisses, le marché algérien représente un potentiel important, surtout en raison de sa taille et de sa stabilité macroéconomique. Il s’agit par conséquent d’identifier de possibles projets de coopération entre les communautés d’affaires de nos deux pays ainsi que de mieux connaître la politique économique du gouvernement algérien. En même temps, comme tous les bons amis, nous allons aussi aborder des sujets qui préoccupent les entreprises suisses opérant à présent en Algérie. Finalement, je souhaite aborder de nouveau la question de l’accord de libre-échange entre l’Aele [Association européenne de libre-échange] et l’Algérie – une question qui me tient à cœur – dont les négociations sont en suspens depuis 2009. Je suis convaincue que cet accord sera le meilleur moyen pour intensifier les relations entre la Suisse et l’Algérie.
Quelles appréciations faites-vous aujourd'hui des relations entre la Suisse et l'Algérie ?
Je constate que les relations commerciales entre la Suisse et l’Algérie sont bonnes et en constante augmentation. Entre 2000 et 2010, le volume commercial entre ces deux pays a presque doublé.
En 2010, l’Algérie a été le troisième partenaire commercial le plus important de la Suisse en Afrique tandis que dans les premiers huit mois de l’année en cours, à cause aussi des bouleversements politiques en Égypte, l’Algérie a été notre deuxième partenaire commercial le plus important du continent africain.
Certes, le volume du commerce bilatéral ne représente pas encore le potentiel qu’il pourrait avoir, voilà donc la raison pour laquelle je suis ici, accompagnée d’une délégation de représentants de quelques entreprises suisses.
Le commerce de la Suisse avec l'Algérie a chuté ces deux dernières années, pourquoi ?
Ceci n’est pas tout à fait correct. En 2009, le volume commercial entre la Suisse et l’Algérie avait connu une croissance de 22% par rapport à l’année précédente, avec les exportations suisses vers l’Algérie et les importations en provenance de l’Algérie en augmentation de 20%, respectivement de 29,6%. Cependant, il est vrai qu’en 2010, les exportations suisses vers l’Algérie ont chuté de 19,5%.
Toutefois, la même année, les importations suisses de produits algériens – avant tout les importations de brut – avaient augmenté de 19,3%. Les raisons pour lesquelles nos exportations ont chuté l’année passée ne sont pas évidentes.
Est-ce parce que l’année d’avant, il y a eu une commande pour une livraison importante qui n’a pas été répétée l’année d’après ? Est-ce parce que le gouvernement a introduit des mesures pour réduire l’importation de produits étrangers afin de stimuler la production locale ? Est-ce parce que le franc suisse est devenu trop fort par rapport au dinar et les importateurs préfèrent les produits moins chers de la zone euro ? Pour en savoir plus, il faudrait demander aux importateurs algériens.
Que sont devenues les négociations sur un accord de libre-échange avec l'Aele ?
Les États de l’AELE et l’Algérie ont commencé en 2007 des négociations en vue de conclure un accord de libre-échange. Néanmoins, après quatre tours de négociations, depuis 2009 il n’a pas été possible de poursuivre ces négociations, l’Algérie ayant annoncé entreprendre un examen de fond de sa politique commerciale, incluant les accords de libre-échange déjà conclus ainsi que le processus d’adhésion à l’OMC, avant de continuer le processus avec l’AELE.
La Suisse et les autres États de l’AELE continuent d’accorder une grande importance au projet d’un accord de libre-échange avec l’Algérie et espèrent pouvoir retourner bientôt à la table des négociations en vue de finaliser les négociations. Considérant l'importance actuelle et le potentiel du commerce et des investissements entre la Suisse et l’Algérie, la conclusion d'un accord de libre-échange continue de représenter le meilleur moyen de promouvoir les relations économiques bilatérales.
LIBERTÉ 16 10 2011
Meziane Rabhi